jeudi 5 juin 2008

Pourquoi Obama doit gagner


Souvenez vous !

Souvenez vous qu’en 2003 nous étions dans les rues, les yeux mouillés d’espérance, pour se battre contre une guerre que nous savions injuste mais aussi inévitable.

Souvenez vous qu’en 2004, M.Moore recevait une Palme D’Or des mains de Quentin Tarantino pour son Fahrenheit 9/11.Le message de l’opinion publique fraichement mondialisée était clair : L’Amérique nous a trahis !! Les valeurs défendues dans cette guerre pour la « démocratie » n’étaient définitivement pas les notre. L’Iraq était un furoncle sur le nez des Etats Unis qui perdaient pathétiquement leur rôle d’ambassadeur des libertés fondamentales qu’ils avaient toujours prônées. Nous étions en guerre contre cette Amérique profonde, chrétienne et rurale, contre ces Texans chapeautés racistes et assoiffés de pétrole. L’Amérique moquée était celle des années Bush : une succession de batailles idéologiques stériles et de mensonges. Les Etats-Unis s’embarquaient dans une guerre injuste, créaient Guantanamo et violaient ainsi la plupart des droits fondamentaux de la personne humaine.

Ils violaient leur propre constitution.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?L’Europe semble avoir changé de camps. Les forces de droite gagnent les principales élections sur fond de discours sécuritaire et anti immigration : Sarkozy, Berlusconi et ses amis légistes, Boris Johnson à Londres, Alemanno à Rome.Et pourtant de l’autre coté de l’Atlantique, « les cowboys évangélistes » s’apprêtent à confier la maison blanche à un jeune noir. Barack Obama est en tête des sondages et pourrait bien l’emporter pour offrir une belle revanche à l’Amérique, une belle leçon au Vieux Continent.

Avec Obama, c’est une Amérique réunie et repentie qui se redresse pour se réconcilier avec elle-même et avec le reste du monde. Son histoire est exemplaire d’un destin américain pluriel. Né d’une aventure estudiantine entre une mère du Kansas et un père Kenyan, éduqué en Indonésie, attiré un moment par la coco et le shit, meilleur étudiant à Harvard mais travailleur social à Chicago, il fait le choix de devenir avocat des droits civils plutôt qu’avocat d’affaire à Wallstreet. Ce Robin des Bois des temps modernes préfère défendre la cause noire plutôt que les « requins de la finance ».

S’il est élu, il promet la fin de cette guerre financièrement et humainement couteuse, la fermeture de Guantanamo et le respect inconditionnel et définitif de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique et des droits fondamentaux qui y sont attachés. Il promet l’établissement d’un système universel de santé qui mettrait fin au dictat des compagnies d’assurance et aux inégalités sanitaires inacceptables au sein du pays le plus riche du monde. Il fera ce que le monde entier attend des Etats-Unis : l’adhésion au processus de Kyoto.

Avec Obama, les Etats Unis montrent leur vrai visage : celui d’un pays métis et contradictoire, jeune et réuni. Un président noir c’est une Amérique qui pardonne et assume le pécher originel de l’esclavage. Il lui tend un miroir dans lequel elle se trouve belle, multiracial et efficace.

Certes, nombreux sont ceux qui critiquent son idéalisme, son inexpérience et son esprit rêveur, Clinton la première. Mais après huit années de méfiance et de mépris ambiants, l’Amérique égoïste et arrogante d’hier doit laisser place aux rêves et à l’espoir. Laisser place à une Amérique qui assume sereinement et justement son rôle de superpuissance, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. La force d’Obama, c’est peut être finalement, cet idéalisme tant moqué, car la politique devrait d’avantage être guidée par les idéaux, que part l’économie, le pragmatisme et le réalisme géopolitique.

lundi 2 juin 2008

Le retour au local : le défi pour une vie meilleure.

Globalisation : voici un terme que l’on peut entendre et lire abondamment dans nos médias. La plupart du temps, il englobe le Tout comme le Rien, et représente tous les bienfaits, mais aussi tous les maux, dérivés des progrès économiques modernes. On le dit dénué de sens, et pourtant, la globalisation, pour la génération à laquelle j’appartiens, celle des années 1990, a forgé notre identité. Nous sommes la première cohorte à expérimenter l’accomplissement d’une « société globale » avec son marché sans frontières, sa culture faite de postmodernité, d’espaces urbains et de nouvelles technologies mais surtout la naissance d’une opinion publique mondiale. Inégalités, réchauffement global, terrorisme : les enjeux politiques se mondialisent en même temps que nos identités. Parallèlement, la chute progressive de l’Etat Nation comme cadre de socialisation parachève la naissance du nouveau cadre global.
Nous sommes conscients que la facilitation des échanges internationaux a permis la création accélérée de richesses, la diffusion rapide du progrès et la pacification de certains comportements. Cependant, notre génération n’est pas dupe en ce qui concerne la globalisation. Car si nous sommes marqués par la mondialisation, nous le sommes également par l’urgence écologique. Nous sommes conscients qu’au niveau environnemental la globalisation est difficilement soutenable. En effet, si la croissance galopante des économies développées et émergentes a apporté progrès et prospérité à bon nombre d’individus, elle possède également des externalités négatives que sont la pollution et la dégradation de nos environnements. Nous grandissons avec les images d’une banquise fondue, des sécheresses africaines et des tempêtes asiatiques. Avec la mondialisation, les rythmes de croissance s’accélèrent et les cloches de l’impératif écologique sonnent le glas d’une société au développement irresponsable. Cependant, notre identité réside aussi dans ce défi : Celui de construire un avenir soutenable et durable dans une société globale. Pour relever ce challenge, le retour au Local représente peut être une solution afin de construire une base solide à une mondialisation responsable. Le cadre et le niveau d’analyse local sont souvent sous-estimés dans le contexte global. Et pourtant, les économies locales et notamment celles des villes constituent le cœur battant de notre mondialisation ; et c’est pour cette raison que le développement durable de nos niveaux de vie doit se réaliser localement.
Parallèlement, les capacités des forces locales pour l’amélioration de la qualité de vie ne se limitent pas au niveau économique ou écologique. Le combat se joue aussi aux niveaux social, politique et culturel Un environnement meilleur signifie également une plus forte cohésion sociale et politique. Nombre de problèmes sociaux (chômage, pauvreté, désaffiliation) et politiques (manque de participation et de socialisation politique) ont un ancrage local et peuvent être combattus localement. Les politiques de proximité parce qu’elles sont liés aux problèmes de terrain sont les plus déterminantes lorsqu’il s’agit de construire un environnement durable, d’améliorer la vie de tous les jours. Elles reposent sur la simple nécessité de penser puis de tout faire pour réaliser la « soutenabilité » de chacun de nos gestes.

La relocalisation des circuits économiques : plus proche, plus propre.
Au niveau économique, nous savons tous que les politiques publiques locales via l’aménagement des territoires, ont toujours été déterminantes pour intégrer les localités dans l’économie nationale ou mondiale. Infrastructures de transport, organisation d’événements internationaux, développement de l’attractivité : l’essentiel des cartes pour une économie florissante est dans les mains des collectivités locales. Face au nouveau défi du développement durable, le niveau local apparaît encore une fois le plus compétent pour améliorer la qualité de vie et réaliser cette « soutenabilité » de chaque instant. Dans ce combat, les choix d’urbanismes sont de la plus haute importance. Ville propre, développement des énergies non polluantes, bâtiments autosuffisants, espaces verts, densité des transports publics et recyclages sont des exemples des possibilités d’amélioration concrète de la qualité de vie qui peuvent être réalisés localement. Cependant, au-delà de ces politiques traditionnelles, la relocalisation de l’économie est le véritable enjeu. Nous vivons dans une société où l’obsession pour la vitesse a fait naitre l’illusion de la disparition des distances. Les circuits de production et de distribution des biens ont été mondialisés pour une plus grande rentabilité mais la dépense d’énergie est énorme et le système insoutenable. L’enjeu est donc de transformer cette obsession de la vitesse en obsession de la proximité : « from faster to closer ». Il s’agit de rapprocher les personnes des informations et des produits pour minimiser les distances et les dépenses d’énergies. Concrètement, cela signifie travailler et consommer avec les ressources disponibles localement avant de passer par les circuits mondiaux. Prenons l’exemple de la consommation d’une tomate dans le sud de la France, une région où ce fruit prolifère. Pourquoi la majorité des tomates consommées à Nice sont elles cultivées en Hollande sous serre, voire hors terre, nécessitant ainsi une dépense d’énergie démentielle comparée à celles cultivées dans la région avec la simple énergie du soleil ? Le recours systématique aux circuits mondiaux est trop souvent inutile et la relocalisation de certains de ces circuits peut permettre des économies d’énergie considérables par le simple fait de réduire les flux matériels.
Minimiser les flux entre les différents pôles de production et de distribution des circuits économiques, tel est l’enjeu pour une réduction durable des externalités négatives sur l’environnement. En plus de la relocalisation de l’économie, la restructuration des espaces urbains représente une solution concrète pour atteindre cet objectif. L’essentiel de l’activité économique mondiale repose sur le dynamisme des villes et notamment des « global cities ». Leur restructuration pourrait donc avoir un impact considérable. Dans le monde entier, la plupart des villes sont aménagées d’une façon similaire, les espaces urbains y sont fortement spécialisés. En effet, les grandes villes sont essentiellement divisées en zones : zones industrielles, zones commerciales, quartiers d’affaires, zones universitaires etc. Ces différents pôles sont interdépendants et pourtant plus ou moins hermétiques les un par rapport aux autres. Cette spécialisation des espaces urbains contribue fortement à augmenter les flux de matières et d’individus entre ces zones et à accentuer les problèmes de trafic et de pollution de l’air. Une restructuration de l’espace urbain consisterait à rassembler ces pôles interdépendants et permettrait ainsi de limiter les flux. En effet, le regroupement des universités, des centres de recherche, des zones de production, de distribution et de prise de décision représente une économie d’énergie considérable. De plus, cette fusion entre les différentes zones faciliterait leur dialogue et les échanges d’informations. Réunir dans un même lieu les universités, les centres de recherche et les entreprises représente une avancée colossale pour la compétitivité et l’attractivité économique des territoires.
Enfin dans cette course vers l’économie d’énergie, un meilleur usage des nouvelles technologies de la communication pourrait être d’un grand secours. En effet, les NTIC ont déjà permis la dématérialisation de nombreux flux aux externalités négatives. Cependant, un usage toujours plus réfléchi de ces outils pourrait permettre de réaliser de nouvelles économies d’énergie. Une dématérialisation totale des circuits de communication entre les acteurs faciliterait non seulement la circulation des informations chères à la compétitivité, mais permettrait d’économiser toute l’énergie autrefois dépensée pour des flux matériels.
Repenser chaque mouvement, chaque circuit et chaque décision des économies locales dans une optique du plus proche et du plus propre pourrait alors être le moyen le plus efficace pour construire une base locale solide à un développement économique durable.

Désenclaver les quartiers relégués : les politiques locales au service de la cohésion sociale.
Au niveau social, les enjeux sont différents lorsque l’on parle d’amélioration de la qualité de vie. Il ne s’agit plus de penser les politiques de la ville en matière d’économie d’énergie mais plutôt en termes de cohésion sociale. Jacques Donzelot dans « la ville à trois vitesses » analyse les dynamiques urbaines de la ville de Paris et de sa Banlieue et décrit le processus de formation des quartiers de la « relégation » qui concentrent tous les maux de la société : chômage, échec scolaire, violences…Les populations les plus défavorisées de la société sont victimes de la « sécession des classes moyennes » qui adoptent des stratégies de fuite de certains quartiers, ou de reconquête d’autres quartiers en jouant sur la hausse des prix (gentrification). La formation de poches de pauvreté que sont les quartiers délaissés, entraine ensuite ses habitants dans un cycle de désaffiliation où l’exclusion n’est plus géographique mais aussi sociale et politique. D’autres sociologues des écoles américaines et notamment Mike Davis et Saskia Sassen ont récemment démontré combien les politiques d’urbanisme étaient déterminantes pour imposer ou refuser consciemment une cohésion sociale, pour que la ville fasse société ou non. Mike Davis dans son ouvrage « city of quartz » prend l’exemple de la ville de Los Angeles et analyse comment les politiques urbaines sont stratégiquement mises en œuvre pour accentuer une dualisation entre les quartiers intégrés et les quartiers délaissés. Le rôle des politiques locales dans l’optique d’une amélioration de la cohésion sociale est donc de tout faire pour éviter ce genre de processus de relégation. Les pouvoirs locaux ont les moyens de désenclaver ces quartiers pour imposer la mixité sociale. Il s’agit tout d’abord de connecter ces zones aux centres qui polarisent les activités avec un réseau dense de transports en commun ; puis de valoriser l’attractivité de ces territoires en menant des politiques ambitieuses pour le logement, l’école, l’implantation des entreprises et même des lieux de pouvoirs afin de faire rentrer le travail, l’emploi comme la République dans ces quartiers où plus rien ne relie les individus au cadre national. Le retour des activités économiques, associatives et politiques permet d’enrayer le processus de désaffiliation. En créant des emplois et des richesses, on donne enfin une chance à ces territoires qui sont plus des trésors d’invention inexploités que des poches de pauvreté.

Construire un environnement écologiquement et socialement soutenable, tel est l’enjeu de nos sociétés développées qui entendent déjà le glas de l’impératif écologique. Sur ce terrain, le retour au cadre local semble être la solution la plus concrète pour améliorer durablement la qualité de vie des territoires. Certes, il ne faut pas s’attendre à une révolution globale de nos actuels modes de production et d’organisation qui montrent leurs limites. Cependant, l’agrégation de multiples efforts locaux peut permettre de gagner du temps. Du temps. Oui. Car c’est bien cela qui nous manquera dans notre course pour un développement durable de nos sociétés.

lundi 7 janvier 2008

En 2008, On se Bouge


Voici venu Janvier et ses trompettes de résolutions morales que nous ne tiendrons jamais. Cette année, ayons au moins l’honnêteté de nous épargner ces chapelets de bonnes mais hypocrites résolutions : inutile de promettre que vous arrêterez de fumer, de boire ou de vivre dans le rouge.
Le constat est simple, incontestable et connu de tous : une activité humaine qui s’emballe dans l’engrenage du capitalisme marchant, une planète gangrénée et surtout peu de temps. Car la gangrène se propage et le malade attend sa fin ainsi que le cortège de catastrophes qui la précède. Une chute vers le Néant, le Rien où la bêtise humaine se retrouvera seule face à elle-même.
Alors juste quelques chiffres pour vous affoler un peu car on y prend tous plaisir à crier à l’urgence : ca rend important. En 2020, la forêt amazonienne aura totalement disparue et avec elle c’est le poumon de la planète que l’on enterre. Mieux qu’un pneumothorax, c’est une diminution non négligeable de la quantité d’oxygène qui nous attend. Peut être que respirer deviendra un jour un luxe, un instrument de plus de distinction sociale. 2020, ce n’est pas dans 100 ni 50 ans mais dans 12 ans. En 2015, si la croissance chinoise conserve son souffle, il y aura sur notre planète 500 millions de voiture en plus. Il en existe déjà 800 millions en Europe et Etats-Unis réunis. Cela représente presque un doublement et tout cela dans 7 ans.
Face à ce tableau alarmant, je comprends et j’adhère au discours du : « De toute façon, c’est trop tard, c’est foutu » que scande la génération X que nous sommes. Une génération que les sociologues ont toujours désignée comme rongée par l’individualisme et dépourvue d’identité. Et pourtant, notre identité à nous, elle est peut être là, dans ce combat, qui nous unis tous au-delà des traditionnelles divergences sociales et politiques. Nous pouvons espérer devenir La génération qui parce qu’elle a su faire naitre une prise de conscience, a pu nous faire gagner du temps. Car notre objectif à tous c’est celui-ci et aucun autre : gagner du temps par tous les moyens. Gagner du temps pour ceux qui ne peuvent pas encore le faire, gagner du temps pour la recherche qui pourrait d’ici là poser les bases d’une économie soutenable.
Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’une action à l’échelle globale puisse aboutir à des résultats concluants, pour la simple raison, qu’au niveau global on ne sait s’entendre que sur l’argent. Le seul niveau d’action qu’il nous reste, celui ou nous pouvons encore être efficace ou du moins avoir l’impression de l’être c’est le local. (Et je sais que j’en fait rire beaucoup avec cette phrase). Le gain de temps, si vous aussi vous pensez qu’il vaut la peine, passe donc par une réflexion permanente sur la « soutenabilité » de chacun de nos gestes. La globalisation est, selon moi, le plus gros mensonge de tous les temps : une économie globalisée n’est pas viable écologiquement et socialement parlant. Nous devons alors penser une économie qui retourne au local. Attention, il ne s’agit pas ici de prôner un retour en arrière et de refuser le progrès technique pour retrouver la charrue et les bœufs. Mais c’est justement grâce au progrès technique (et notamment dans la communication et les transports) que nous pouvons retourner à économie locale tout en restant connecté avec le monde.
Concrètement, cela signifie qu’il faut transformer notre obsession de la vitesse en obsession du plus proche. Pour réduire nos pertes de temps et d’énergie en même temps que le cout écologique et social, il faut rapprocher les consommateurs des producteurs, les employés des employeurs, physiquement et socialement parlant. Dans une vie de tous les jours, cela signifie : avoir un lieu de travail proche du domicile voire au domicile, puiser avant tout dans le potentiel délaissé qu’il y a dans nos cités plutôt que de délocaliser, c’est acheter des légumes de saison produits à 300m plutôt qu’une tomate vieille de 2 000km. Face à l’impératif écologique et social, le discours de la soutenabilité doit être plus fort que celui de la compétitivité. Alors voilà, en 2008, on se bouge. La prise de conscience suffisante n’émergera que si nous partons à la conquête de ces postes clef (faiseurs d’opinions et de politiques) qui depuis des siècles façonnent les sociétés avec leurs idéologies et leurs mouvements. Notre idéologie à nous : c’est l’impératif écologique. Nous pouvons enfin croire aux vertus de la décroissance. Avec son « Travailler plus pour Gagner Plus » Nicolas Sarkozy se trompe de siècle. L’heure est plus que jamais au ralentissement et au refroidissement de notre économie dératée. « Travailler moins, pour gagner moins et vivre mieux »

jeudi 18 octobre 2007

Le populisme présidentiel : phase ultime de la désacralisation du Politique.


« Aujourd’hui, Jeudi 18 octobre 2007, notre cher président divorce de la princesse Prada. C’est un jour noir pour notre Nation. Rendez vous compte, notre Chef : affaibli ! Mais heureusement, il est fort notre Nicolas : un footing, des UV et c’est reparti. Nicolas par ci Nicolas par là : Nicolas embrasse son fils, Nicolas part en vacances, Nicolas repasse son slip. »
Il est partout. Vous me direz c’est bien, pour une fois qu’on parle de politique. Mais voilà, ce n’est pas de la politique! Et pendant qu’il se pavane, on ne parle pas de ce qui se fait et encore moins de ce qui ne se fait pas. Le gouvernement réforme les régimes spéciaux des cheminots mais pas ceux des militaires ou des parlementaires, le grenelle de l’environnement prévu pour septembre se fait attendre et la réforme des institutions est plus qu’inquiétante puisqu’elle tend à constitutionnaliser le populisme présidentiel.
Avec Sarkozy, ce n’est pas un pas, ce n’est pas un bond, c’est un plongeon que nous faisons dans l’ère de la politique spectacle, où l’acteur fait oublier le scénario, où le people fait oublier l’homme d’action. Sarkozy, mais aussi l’intégralité de nos médias, nous entrainent dans une fuite vers la quotidienneté : la politique ce n’est plus Pnhom Pen ou Epinay, c’est du prénom, du tutoiement, du Paris Match.
Tout le monde s’accorde pour dire que le Pouvoir doit être mis en scène pour être représenté, incarné, sacralisé. Mais voilà trop d’incarnation tue l’incarnation. La politique : cela a toujours était du théâtre, de la mise en scène : un orateur, un public qui écoute, ne comprend pas tout mais écoute et surtout, surtout, une fosse et trois coups : un espace entre la foule et l’acteur, entre le privé et le public. Aujourd’hui, nous ne sommes plus au théâtre, mais dans un stade: il faut de l’immédiat, du direct, du H24, de l’exclusif : le contact ronge la distance et la présence a remplacé la représentation. De la surmédiatisation nait la dangereuse désacralisation du pouvoir.

Nous sommes alors passés d’une société de la graphosphère à celle de la vidéosphère et les répercutions sur le Politique sont plus que considérables. Il y a d’abord l’appauvrissement du vocabulaire de nos hommes et femmes publics. Contrairement à ce que certains pourraient penser : ce n’est pas un détail : on ne parle pas à une Nation millénaire comme on parle à ses copains. Vient ensuite une évolution plus pernicieuse, que j’ai déjà évoquée, celle de l’avènement du culte de l’individu. Parce qu’il est plus visible : l’individu devient plus réel et plus prometteur que le collectif et la société cesse de se projeter dans l’avenir.
Un autre effet majeur de cette surmédiatisation réside dans le passage d’une démocratie électorale à une démocratie plébiscitaire. L’élection comme source du pouvoir ne se joue plus dans les urnes, quand la Nation appelle ses citoyens à faire des choix ; mais elle est désacralisée, elle se joue dorénavant dans les pages glacées des magazines. La Nation n’appelle plus, aphone, prisonnière de l’image des hommes qui sont à sa tête ! Ils la crèvent, la piétinent, la dissèquent en réduisant le Politique à un jogging sur Wallstreet avenue.
Nous avons ensuite développé une culture du résultat : comme si la France pouvait être une entreprise. Le résultat est devenu le seul critère démocratique : il est exigé et on le veut immédiat. Pourtant, chacun sait que le rendement du travail politique est le plus faible de tous et qu’il se joue sur le long terme. Alors pour compenser la lenteur de l’Etat, l’Homme d’Etat pallie l’inefficacité par la visibilité. La démocratie, n’est donc plus le pouvoir de la majorité, mais celui du plus bruyant. Sarkozy a gagné parce qu’il était plus visible et il a gagné pour devenir le plus visible.
La conséquence politique de cette omniprésence du président est plus que gravissime pour la simple raison que tous les canaux de communication traditionnels entre la tête et la masse sont court-circuités sans que personne ne crie au feu. Le président au parlement, le président en direct, le président accessible qui répond à tout et à tous. Avec l’avènement du populisme, la tête n’a plus besoin de corps intermédiaires: plus besoin de partis, ni de parlementaires, et encore moins de premier ministre. Avec sa stratégie d’ouverture, Sarkozy s’est lancé dans une entreprise de saucissonnage de l’opposition et a fait de l’UMP un parti omnipotent. Il a réduit les parlementaires à l’application d’un programme présidentiel et le premier ministre sera bientôt supprimé par la réforme de l’Etat. Un peuple, un chef : voilà l’avenir de la démocratie si rien ne se passe : tous les contre-pouvoirs institués disparaitront les uns après les autres.
Tout cela rejoint notre peur incompressible de l’avenir : les époques sans futur choisissent l’omniprésence pour compenser l’impuissance. Avec la vidéosphère, nous faisons de la politique à l’américaine comme il d’usage de dire. Sauf qu’en Amérique, ils ont Dieu, la Destiné Manifeste, un pouvoir sacralisé. Leur politique modernisée et leur société de l’image sont stables, l’avenir est projeté, via Dieu d’accord, mais projeté quand même. En France notre Dieu à nous, c’était la croyance dans le progrès infini et les espérances des Lumières. Aujourd’hui plus rien de tout cela n’aiguille le Politique qui est plus un étourdissement qu’une mise en perspective du présent. Alors voilà maintenant où nous en sommes : il sera bientôt le seul maitre à bord et c’est tant pis pour nous. Mais rien n’est jamais trop tard, les grèves, le vote, les manifs : les bonnes vieilles méthodes quoi !!!!

lundi 7 mai 2007


53%. Cela fait maintenant 5 ans qu’il y pense en se rasant, et voilà il l’a fait. Le petit Nicolas est devenu grand, trop Grand.
Vous me direz, comme beaucoup de démocrates, « Et alors La France a réélu la droite, et c’est tout, comme elle a pu le faire par deux fois avec Jacques Chirac ! » Mais cette année ce n’est pas la même chose, Nicolas Sarkozy ce n’est pas n’importe quelle droite ! Cet homme a réussi à séduire la moitié du peuple français malgré la droitisation extrême de son discours et c’est en cela qu’il est inquiétant. Il ne s’agit pas ici de le diaboliser, de remettre en cause sa légitimité ou de sortir les appels à la résistance face à un danger qui n’en est pas un (ou du moins pas encore), mais simplement de témoigner de cette radicalisation à succès et de rappeler que malgré cette victoire éclatante, il existe encore en France des gens qui refusent la normalisation économique, morale et politique de Nicolas Sarkozy.
Hier, nous avons élu un homme pour qui la pédophilie et la suicide sont génétiquement déterminés, un homme qui souhaite un retour sur l’héritage libéral et libérateur de mai 68 et un rétablissement de l’autorité, un homme qui déjà même au sein de son parti entretient un culte de la personnalité sur fond de peoplelisation, un homme qui entretient la dangereuse collusion média/pouvoir, un homme qui fait de l’identité française une qualité et qui refuse la diversité pourtant salvatrice.
Si c’est bien cette radicalisation qui a séduit les électeurs, alors l’heure est grave ! La France a des comptes à régler avec son Histoire, son identité et son système de solidarité. Si c’est cet autoritarisme qui a séduit les électeurs alors je ne reconnais définitivement plus la France qui est la mienne. Elle est loin la France de Delacroix, celle de la Liberté, des Droits de l’Homme, de la tolérance et de la fraternité sociale et culturelle.
Cependant, je ne veux pas croire que ce soit ce discours intolérant qui ait séduit les fils de Marianne. Nicolas Sarkozy vend tout simplement quelque chose de simple et qui pèse lourd face aux valeurs humaines de solidarité : l’illusion de la réussite individuelle pour tous ! Il a réussi à faire croire que Sa France, celle de Neuilly, était accessible à tous. « Travail, Autorité, Morale, Respect, Mérite » sont les clefs de la réussite. Ignorant le déterminisme des capitaux sociaux, culturels et économiques, il a fait croire que dans sa société pseudo méritocratique, nous étions tous égaux face à la réussite sociale. C’est simple, facile à comprendre et prometteur : Ca plait !
Le modèle que propose Nicolas Sarkozy est l’application politique de l’individualisation des société et de l’aboutissement du culte de l’individu. Face à la fin des idéologies, les Hommes n’ont plus qu’un intérêt : Eux Mêmes ! « Le progrès commun ? Qu’importe puisqu’on ne sait même pas si il y aura un Demain ! »
Concrètement, Nicolas Sarkozy est le candidat des Inclus : une France bien blanche et bien propre, celle qui croit avoir réussi grâce à son mérite et sous estime le conditionnement familial. Il fait croire à tous que le travail, l’épargne et l’achat de la dernière Renault sont la clef du bonheur comme marqueur de la réussite sociale personnelle au yeux des élites méprisantes que sont ses amis. Peu importe que l’on élise un président réactionnaire, atlantiste qui ne peut même pas aller en banlieue tant qu’il nous assure à Nous, les Inclus mais pas aux autres la récompense (et non plus le dû) de notre Travail.
L’intégralité de notre avenir va se jouer dans les quelques mois qui accourent. En dehors des législatives, c’est la réaction face aux premières réformes qui sera déterminante. Sarkozy, fier de sa légitimité populaire, va pouvoir enclencher sa révolution tatchérienne et mettre en place Sa conception de la société.
Une société qui vise sur le plan économique la conversion au libéralisme et le nivellement par le bas, qui vise au nom de la méritocratie et de la réussite individuelle de quelques uns la destruction des filets de sécurité et des derniers signes de solidarité qu'il nous reste pour éviter la pauvreté absolue à un plus grands nombres. Une société où la contestation en dehors de l'élection est refusée où les manifestations seront contrôlées, le droit de grève restreint, les journalistes surveillés et les abus de pouvoir permanents. Une société divisée qui perd l'idéal commun du vivre ensemble. Une société pragmatique basée sur la valeur travail et l'argent: Travailler plus, Travailler plus ! Mais a quel prix? Une société où le racisme s'institutionnalise et devient acceptable. Une société qui perd les valeurs de tolérance et d'accueil qu'elle a toujours prôné.
Alors maintenant, le combat continue plus que jamais. Si vous voulez encore pouvoir vous raser le matin en vous disant fier d’être français, si vous voulez encore croire que vos impôts ne servent pas qu’aux subventions patronales, si vous voulez encore croire que l’avenir de la France se joue dans les cités plus que dans les beaux quartiers parce qu’il y a là bas un trésor d’invention plus qu’un simple gibier à Karcher, alors Manifestez, Votez, Criez ! Car la démocratie contrairement à ce qu’on nous fait croire ce n’est pas le pourvoir de la majorité mais simplement celui du plus bruyant, du plus convainquant, du plus habile.
Alors maintenant, A gauche toute ! Au nom de notre passé et pour notre avenir !

mardi 24 avril 2007

Ambiance de fin de siècle.

Ce n’est pas l’an mille mais presque. Ici, ce n’est pas les démons de Satan qui nous menacent mais nos propres démons : L’homme, depuis peu seul face au monde, s’interroge, se trompe se détruit. C’est comme si tous nos repères s’effondraient un à un. Je ne sais pas vraiment comment interpréter ce début du deuxième millénaire : s’agit il d’une crise profonde des systèmes et des identités ou simplement d’une crise passagère qui nous laisse apercevoir au loin un renouveau plus prometteur. Mais posez vous simplement cette question : Qu’attendre de demain ? Cette question je me la suis posée plusieurs fois et à vrai dire je ne suis pas très optimiste. Il règne ici bas comme une ambiance de fin de siècle : le futur n’a jamais était aussi incertain : « plus de pétrole dans 50 ans » nous dit on, « bouleversement climatique dans 100 ans », « pénuries d’ici 20 ans ». Que ces prévisions soient véridiques ou pas qu’importe. Ce qui est ici primordial c’est le manque d’espoir et de foi en l’avenir que cela engendre. Il y a bien sur cette crise économique qui plonge dans la précarité une bonne partie des nos citoyens depuis maintenant 30 ans déjà. A cela il faut ajouter les traditionnelles guerres incessantes et la faim dans le monde. Enfin, la sortie de la religion chrétienne, la fin des idéologies, l’effondrement des systèmes de solidarité et le creusement des inégalités achèvent de délier les Hommes. Mais au delà de toute cette contingence, je pense que la meilleure explication de cette désespérance consiste en ce que l’Homme fait face à « la fin de l’Histoire » comme le soulignait Fukuyama il y a déjà presque 20 ans. (Au passage la mondialisation serait peut être la preuve géographique du bout de l’Histoire.) Après l’extrême sécularisation des sociétés occidentales et l’avènement de la fin des idéologies, les Hommes doivent maintenant vivre comme il ne l’ont jamais fait : Vivre sans Transcendance. Il ne s’agit pas ici de prôner un retour au religieux, loin de là, mais de simplement souligner le désœuvrement de l’Homme lorsqu’il se dit seul face au monde. Le retour au religieux est une solution pour beaucoup de penseurs mais il y a aussi des substituts : il y eut la religion de l’humanité, la quête vers la Liberté ou encore le communisme. Mais aujourd’hui l’Homme semble obligé d’accepter ce monde tel qu’il est, la fin de la Transcendance met enfin les hommes face à eux même. Et je pense sincèrement que c’est cette situation : la perte de l’idéal commun qui pousse l’homme dans l’incertitude. Aujourd’hui, le subtile mélange des droits de l’Homme et du marché est devenu le fondement unique de notre identité collective. Rien de bien excitant, nous sommes d’accord ? L’imperfection du monde nous est en fait insupportable, voilà pourquoi nous ne percevons pas de projet d’amélioration. Face au spectre de l’achèvement, l’individualisme atteint son zénith, l’agressivité devient maximale. Les rapports humains semblent se bloquer lorsque l’histoire apparaît close. Finalement, nous vivons tous dans une société de frustration où l’idéal commun a disparu au profit de compensations matérielles de court terme. Cependant, la fin de siècle n’a rien d’insurmontable, cette crise identitaire est à dépasser. Comment ? Honnêtement, je n’en sais rien.