mardi 24 avril 2007

Ambiance de fin de siècle.

Ce n’est pas l’an mille mais presque. Ici, ce n’est pas les démons de Satan qui nous menacent mais nos propres démons : L’homme, depuis peu seul face au monde, s’interroge, se trompe se détruit. C’est comme si tous nos repères s’effondraient un à un. Je ne sais pas vraiment comment interpréter ce début du deuxième millénaire : s’agit il d’une crise profonde des systèmes et des identités ou simplement d’une crise passagère qui nous laisse apercevoir au loin un renouveau plus prometteur. Mais posez vous simplement cette question : Qu’attendre de demain ? Cette question je me la suis posée plusieurs fois et à vrai dire je ne suis pas très optimiste. Il règne ici bas comme une ambiance de fin de siècle : le futur n’a jamais était aussi incertain : « plus de pétrole dans 50 ans » nous dit on, « bouleversement climatique dans 100 ans », « pénuries d’ici 20 ans ». Que ces prévisions soient véridiques ou pas qu’importe. Ce qui est ici primordial c’est le manque d’espoir et de foi en l’avenir que cela engendre. Il y a bien sur cette crise économique qui plonge dans la précarité une bonne partie des nos citoyens depuis maintenant 30 ans déjà. A cela il faut ajouter les traditionnelles guerres incessantes et la faim dans le monde. Enfin, la sortie de la religion chrétienne, la fin des idéologies, l’effondrement des systèmes de solidarité et le creusement des inégalités achèvent de délier les Hommes. Mais au delà de toute cette contingence, je pense que la meilleure explication de cette désespérance consiste en ce que l’Homme fait face à « la fin de l’Histoire » comme le soulignait Fukuyama il y a déjà presque 20 ans. (Au passage la mondialisation serait peut être la preuve géographique du bout de l’Histoire.) Après l’extrême sécularisation des sociétés occidentales et l’avènement de la fin des idéologies, les Hommes doivent maintenant vivre comme il ne l’ont jamais fait : Vivre sans Transcendance. Il ne s’agit pas ici de prôner un retour au religieux, loin de là, mais de simplement souligner le désœuvrement de l’Homme lorsqu’il se dit seul face au monde. Le retour au religieux est une solution pour beaucoup de penseurs mais il y a aussi des substituts : il y eut la religion de l’humanité, la quête vers la Liberté ou encore le communisme. Mais aujourd’hui l’Homme semble obligé d’accepter ce monde tel qu’il est, la fin de la Transcendance met enfin les hommes face à eux même. Et je pense sincèrement que c’est cette situation : la perte de l’idéal commun qui pousse l’homme dans l’incertitude. Aujourd’hui, le subtile mélange des droits de l’Homme et du marché est devenu le fondement unique de notre identité collective. Rien de bien excitant, nous sommes d’accord ? L’imperfection du monde nous est en fait insupportable, voilà pourquoi nous ne percevons pas de projet d’amélioration. Face au spectre de l’achèvement, l’individualisme atteint son zénith, l’agressivité devient maximale. Les rapports humains semblent se bloquer lorsque l’histoire apparaît close. Finalement, nous vivons tous dans une société de frustration où l’idéal commun a disparu au profit de compensations matérielles de court terme. Cependant, la fin de siècle n’a rien d’insurmontable, cette crise identitaire est à dépasser. Comment ? Honnêtement, je n’en sais rien.