lundi 7 janvier 2008

En 2008, On se Bouge


Voici venu Janvier et ses trompettes de résolutions morales que nous ne tiendrons jamais. Cette année, ayons au moins l’honnêteté de nous épargner ces chapelets de bonnes mais hypocrites résolutions : inutile de promettre que vous arrêterez de fumer, de boire ou de vivre dans le rouge.
Le constat est simple, incontestable et connu de tous : une activité humaine qui s’emballe dans l’engrenage du capitalisme marchant, une planète gangrénée et surtout peu de temps. Car la gangrène se propage et le malade attend sa fin ainsi que le cortège de catastrophes qui la précède. Une chute vers le Néant, le Rien où la bêtise humaine se retrouvera seule face à elle-même.
Alors juste quelques chiffres pour vous affoler un peu car on y prend tous plaisir à crier à l’urgence : ca rend important. En 2020, la forêt amazonienne aura totalement disparue et avec elle c’est le poumon de la planète que l’on enterre. Mieux qu’un pneumothorax, c’est une diminution non négligeable de la quantité d’oxygène qui nous attend. Peut être que respirer deviendra un jour un luxe, un instrument de plus de distinction sociale. 2020, ce n’est pas dans 100 ni 50 ans mais dans 12 ans. En 2015, si la croissance chinoise conserve son souffle, il y aura sur notre planète 500 millions de voiture en plus. Il en existe déjà 800 millions en Europe et Etats-Unis réunis. Cela représente presque un doublement et tout cela dans 7 ans.
Face à ce tableau alarmant, je comprends et j’adhère au discours du : « De toute façon, c’est trop tard, c’est foutu » que scande la génération X que nous sommes. Une génération que les sociologues ont toujours désignée comme rongée par l’individualisme et dépourvue d’identité. Et pourtant, notre identité à nous, elle est peut être là, dans ce combat, qui nous unis tous au-delà des traditionnelles divergences sociales et politiques. Nous pouvons espérer devenir La génération qui parce qu’elle a su faire naitre une prise de conscience, a pu nous faire gagner du temps. Car notre objectif à tous c’est celui-ci et aucun autre : gagner du temps par tous les moyens. Gagner du temps pour ceux qui ne peuvent pas encore le faire, gagner du temps pour la recherche qui pourrait d’ici là poser les bases d’une économie soutenable.
Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’une action à l’échelle globale puisse aboutir à des résultats concluants, pour la simple raison, qu’au niveau global on ne sait s’entendre que sur l’argent. Le seul niveau d’action qu’il nous reste, celui ou nous pouvons encore être efficace ou du moins avoir l’impression de l’être c’est le local. (Et je sais que j’en fait rire beaucoup avec cette phrase). Le gain de temps, si vous aussi vous pensez qu’il vaut la peine, passe donc par une réflexion permanente sur la « soutenabilité » de chacun de nos gestes. La globalisation est, selon moi, le plus gros mensonge de tous les temps : une économie globalisée n’est pas viable écologiquement et socialement parlant. Nous devons alors penser une économie qui retourne au local. Attention, il ne s’agit pas ici de prôner un retour en arrière et de refuser le progrès technique pour retrouver la charrue et les bœufs. Mais c’est justement grâce au progrès technique (et notamment dans la communication et les transports) que nous pouvons retourner à économie locale tout en restant connecté avec le monde.
Concrètement, cela signifie qu’il faut transformer notre obsession de la vitesse en obsession du plus proche. Pour réduire nos pertes de temps et d’énergie en même temps que le cout écologique et social, il faut rapprocher les consommateurs des producteurs, les employés des employeurs, physiquement et socialement parlant. Dans une vie de tous les jours, cela signifie : avoir un lieu de travail proche du domicile voire au domicile, puiser avant tout dans le potentiel délaissé qu’il y a dans nos cités plutôt que de délocaliser, c’est acheter des légumes de saison produits à 300m plutôt qu’une tomate vieille de 2 000km. Face à l’impératif écologique et social, le discours de la soutenabilité doit être plus fort que celui de la compétitivité. Alors voilà, en 2008, on se bouge. La prise de conscience suffisante n’émergera que si nous partons à la conquête de ces postes clef (faiseurs d’opinions et de politiques) qui depuis des siècles façonnent les sociétés avec leurs idéologies et leurs mouvements. Notre idéologie à nous : c’est l’impératif écologique. Nous pouvons enfin croire aux vertus de la décroissance. Avec son « Travailler plus pour Gagner Plus » Nicolas Sarkozy se trompe de siècle. L’heure est plus que jamais au ralentissement et au refroidissement de notre économie dératée. « Travailler moins, pour gagner moins et vivre mieux »